Le trésor du Noyer
Le trésor de Noyer
Au début du mois de mars 1882, à la demande de Monsieur Fouque, maire de la commune de Noyer, des ouvriers font des terrassements et découvrent dans un champ, à cinquante centimètres de profondeur, un pot en terre rempli de 488 monnaies en argent.
En voyant l’état exceptionnel de conservation, Monsieur le maire comprend qu’il y a un intérêt historique et patrimonial à sauvegarder la découverte avant sa dispersion et sa vente par les inventeurs et le propriétaire du terrain. Il en informe donc aussitôt les autorités supérieures en la qualité de M. le Préfet, afin de prévoir une acquisition de ce trésor.
L’abbé Guillaume (membre de la Société d’Études des Hautes-Alpes) est désigné pour faire une première étude et donner son avis à un éventuel achat. Malheureusement, la préfecture ne donnera pas suite et le trésor sera rapidement vendu et dispersé. Une mention très brève de cette découverte sera par la suite donnée dans la publication intitulée Répertoire archéologique du département des Hautes-Alpes, datant de 1888, par Joseph Roman.
Ce trésor aurait pu totalement échapper aux chercheurs si ce n'est qu'en 1978, quand les collections numismatiques du musée de Gap sont confiées pour inventaire et études au Cabinet des médailles de Paris, Monsieur Amandry (conservateur au Cabinet des médailles) découvre une enveloppe contenant 51 deniers (monnaies d’argent de la République romaine) marqués comme provenant du trésor de Noyer et donnés par le sénateur Grimaud en 1911. Une étude scientifique est alors réalisée qui aboutit à la publication de ce lot en 1981.
L’étude des 35 familles de monétaires romains constituant le lot de monnaies et la fourchette chronologique qui peut être déduite de cette étude (152 – 78 avant J.-C.) semblent représentatives de la circulation monétaire au début du Ier siècle avant J.-C.
En tant que masse monétaire regroupée sous forme de trésor, ces monnaies nous permettent de retracer un fragment de l’histoire événementielle du Ier siècle avant J.-C. en Gaule, dans la province romaine de la Narbonnaise, vingt ans avant le début de la guerre des Gaules et des conquêtes de Jules César. Ces monnaies montrent aussi les échanges économiques qui existaient entre la péninsule italienne et les Hautes-Alpes, territoire des Voconces.