- documentation(s) textuelle(s)
- "Sur la photographie publiée en 1899 par Aristide Albert, l'inscription "P. PUGET" n'existe pas. Il est possible qu'elle fut ajoutée pour l'exposition au Salon de 1866, Marcellin ayant communiqué à Aristide Albert une photographie prise avant ce Salon. Les visiteurs d'alors eurent plus de chance que nous, car ils purent apprécier l'oeuvre de Marcellin non dénaturée par la couche de peinture grisâtre qui la recouvre désormais intégralement y compris l'inscription. Quelques dix ans avant l'ouverture du chantier de la nouvelle préfecture des Bouches-du-Rhône, la municipalité de Marseille avait lancé le projet d'élever un monument à Pierre Puget, une de ses plus brillantes gloires artistiques, né et mort à Marseille (1620-1694). Aussitôt, James Pradier (Genève 1790-Paris 1852) avait envoyé plusieurs esquisses montrant le sculpteur, ciseau à la main, à côté de sa statue de Milon de Crotone, son oeuvre la plus célèbre, qu'il réalisa en 1680-1681 (Paris, Louvre), ou bien à côté d'un modèle, ou d'une esquisse, de petite dimension de ce même Milon de Crotone. Marcellin put-il connaître ces esquisses de Pradier, actuellement au Musée d'Art et d'Histoire de Genève, ou tout au moins l'idée générale de ce projet ? Peut-être bien par l'intermédiaire d'Eugène Guillaume qui dirigea le programme sculptural de la préfecture des Bouches-du-Rhône. Marcellin reprend en effet l'idée exprimée par Pradier et place Puget à côté d'un modèle du Milon de Crotone. Les contraintes de la niche dans laquelle se trouve, il faut bien le dire, à l'étroit ce groupe que forment les figures de Pierre Puget et son modèle, durent amener Marcellin à donner au modèle du Milon de Crotone une taille à mi-grandeur à peu près de la statue en marbre (hauteur 2,70 m) et à lui couper bras et jambes. A moins que cela n'ait été la volonté de Guillaume, ou de Maupas, gardant en souvenir la proposition de Pradier. La perte de l'esquisse que présenta pour approbation Marcellin avant la réalisation du modèle en plâtre, nous empêche de savoir si cette idée est bien de Marcellin ou d'un autre. Bien plus tard, Henri Lombard (Marseille 1855 - Paris 1929) la reprendra à son compte lorsqu'il élaborera de 1896 à 1906 son monument à Pierre Puget (aujourd'hui élevé sur le cours du même nom à Marseille). Il montrera en effet le sculpteur travaillant à son modèle à mi-grandeur environ de son Milon dont le bas du corps n'est pas encore dégagé et dont les bras sont coupés près des épaules comme chez Marcellin, alors qu'a priori cela ne s'imposait pas ici de façon directe. De contrainte technique ce subterfuge devenait parti-pris esthétique. Et, nous pensons que Lombard en tira certainement l'idée de Marcellin. Elle lui permettait ainsi de concentrer toute l'animation toute baroque qu'il donna à sa figure, traduite extérieurement par l'agitation des vêtements et la torsion du corps, sur la qualité expressive et la puissance du torse et du visage de Milon hurlant de douleur. Marcellin, en revanche, avait choisi de montrer la force intérieure du créateur face à l'éternité. Marcellin s'inspira certainement, en essayant de le rajeunir et de l'affiner, du Portrait de Pierre Puget en terre cuite (actuellement au Musée Granet à Aix-en-Provence) qu'avait laissé de son oncle le sculpteur Christophe Veyrier (Trets 1637 - Toulon 1689). Tel l'avait fait déjà en 1855 Joseph Ramus (Aix-en-Provence 1805 - Nogent sur Marne 1888) auteur d'un premier monument à Pierre Puget (actuellement placé dans le parc Borély) et tel le fit également Henri Lombard)." - Gérard BRES, Jean Esprit Marcellin, 1992 - p. 181-182
- bibliographie(s)
- Dictionnaire des Sculpteurs de l'école française au dix-neuvième - LAMI , Stanislas
- Jean Marcellin statuaire - ALBERT , Aristide
- Dictionnaire général des artistes de l'école française depuis l'o - BELLIER DE LA CHAVIGNERIE , Emile
- Notice sur Jean Marcellin - THABAUT , Louis