Cette Saint Lucie revêtue d’une robe de bure et d’un manteau marron tient de sa main droite une coupelle sur laquelle repose une énigmatique paire d’yeux qu’elle pointe de l’index de sa main gauche. Le style peut faire penser à celui du sévillan Francisco de ZURBARÁN (1598 – 1664), peintre espagnol du 17e siècle contemporain de VELÁZQUEZ, qui avait une prédilection pour les sujets issus de la vie monastique imprégnés d’une atmosphère d’intense spiritualité. Séville est alors un centre économique et culturel qui accueille un très grand nombre d’ordres monastiques et de congrégations religieuses. Ce tableau pourrait également être rapproché de l’école napolitaine qui, au 17e siècle, est marquée par l’art du CARAVAGE et est une des institutions artistiques les plus originales et fertiles de ce siècle : les artistes napolitains adoptent le clair-obscur sculptural et le naturalisme tragique du maitre tout en s’ouvrant à l’esthétique baroque. Il pourrait être l’oeuvre de l’artiste Nicola VACCARO (1640 – 1709) d’après un autre artiste napolitain Bernardo CAVALLINO (1616 – 1654). Si l’attribution est incertaine, l’iconographie ne fait aucun doute et les attributs de la sainte permettent de reconnaitre Sainte Lucie, patronne des malvoyants et ophtalmologues. Née dans la ville de Syracuse, en Sicile, vers la fi n du 3e siècle, Sainte Lucie est une martyre chrétienne, une des trois grandes saintes de Sicile, dont le nom signifi e la lumière. Dans la tradition hagiographique, il est rapporté qu’elle se détourna du mariage et renonça à tous ses biens terrestres pour se consacrer tout entière à Dieu. L’homme à qui elle était promise porta plainte auprès du consul Paschase et la dénonça comme chrétienne qui n’obéissait pas aux lois impériales. Lucie aurait demandé à son fi ancé pourquoi il tenait tant à elle. Il lui aurait répondu « Vos yeux ». En réaction, Lucie se serait arrachée les yeux et les lui aurait offert tandis que la vierge Marie lui aurait rendu la vue. Une autre version raconte que Lucie aurait elle-même remis ses yeux en place après que ses bourreaux les lui eurent arrachés. Les autorités locales romaines la contraignirent à être enfermée dans un lupanar et réduite à la débauche, puis la condamnèrent au bûcher avant de lui transpercer le cou d’une épée. Cellule collections-exposition