- documentation(s) textuelle(s)
- L’œuvre est une représentation réaliste et romantique de la vallée du haut Drac qui surplombe le nord du bassin gapençais. Dans les Hautes-Alpes, le peintre renoue avec un de ses motifs favoris surtout pratiqué en Isère, une composition construite autour d’une rivière. Sans prétention spectaculaire, il choisit un site pittoresque de la région historique du Dauphiné, la haute vallée du Champsaur large et fertile, délimitée au sud par le Drac, bordant le massif des Écrins à l’est (à droite) et les contreforts du Dévoluy à l’ouest (à gauche). Une œuvre développant une perspective approchante est conservée dans les collections du Musée muséum départemental (n°2013.0.939), rappelant la pratique sérielle à laquelle le peintre s’est exercé sur plusieurs sites (le Néron à Proveyzieux, la Meije depuis le Chazelet, la route de Barcelonnette…). Le Drac, ses digues et ses eaux glaciaires structurent la ligne d’horizon du tableau selon une rigueur mathématique habituelle du peintre. De manière originale, les berges irrégulières et massives sont complètement amplifiées au premier plan et écrasent la tresse du torrent, pourtant élargie par les débordements réguliers du Drac. Ce paysage minéral, légèrement abîmé, laisse deviner l’impétuosité et les célèbres crues du torrent. Le peintre privilégie ce premier plan minéral, aquatique et forestier en exploitant une abondante gamme de verts, bleus et ocres. Il se détache nettement de l’arrière-plan, moins contrasté et moins abouti. Contrairement à d’autres œuvres de BERTIER, le panorama n’est ni spectaculaire ni dramatique, les sommets sont relégués au statut de décor et de repères topographiques d’une scène centrée sur la plaine fertile et son torrent nourricier et destructeur. En surplomb du Drac, dans la ligne de fuite, on aperçoit le bourg principal de la vallée, Saint-Bonnet-en-Champsaur et son clocher, culminant à 1025 mètres d’altitude. Le tableau donne à voir l’occupation humaine très spécifique du Haut-Champsaur caractérisé par un bocage de montagne, dont on aperçoit les haies et prairies sur le versant sud au pied du village. La vie végétale est foisonnante, le peintre saisit probablement les couleurs de la fin du printemps ou de l’été grâce à une touche dynamique et spontanée, détachée de l’académisme léché de nombreux de ses tableaux. Cette œuvre se rapproche plus de tableaux des années 1910-1920 comme L’Arve aux Houches, près de Chamonix, ou Aux Étançons (collections particulières présentes dans l’exposition « Trois maîtres du paysage dauphinois au XIXe siècle », Musée de Grenoble, 2006). Agathe FROCHOT 2025
- source(s) en ligne
- http://www.bibliotheque-dauphinoise.com/meije_charles_bertier.html